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Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/44

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24 Lirrénnuniz inniimun L’admiration engendre l’imitation. Mais ce n’était pas en latin, ce n’était pas davantage dans des patois enco1·e dépourvus de souplesse et d’élégance, que l’on pouvait songer a traduire l’idéal tout moderne de l’amour cheva- leresque, avec sa psychologie subtile et raffinée, ou at reproduire les formes savantes et artificieuses que les troubadours avaient portées a un si haut degré de per- fection. Les Italiens se mirent donc in composer eux— mémes — a trobar — en provencal; et cela ne leur était pas aussi diflicile que l’on pourrait croire, si l’on songe coinbien les dialectes de la Haute-Italie avaient encore dc ressemblance avec la langue des troubadours. Ou posséde ainsi bon nombre de pieces écrites en provengal par des Italiens; il l`aut citer, entre autres, le Bolonais Rambertino Buvalelli, dont l’activité poétique remonte au premier quart du Xllla siecle, le marquis Alberto Malaspina, seigneur de Lunigiana, plusieurs Génois : Bonifacio Calvo, Lanfranco Cigala, etc., le Vénitien Bar- tolommeo Zorzi, et surtout le Mantouan Sorclel, que Dante a immortalisé par la Here attitude dans laquelle il l’a campé, au sixieme chant de son Purgatoire. A tous ces imitateurs de la poésie provencale il serait vain de demander quelque originalité; c’est déja beau- coup qu’ils aient réussi at s’assimiler, avec la langue et les artilices de versification, le tour d’imagination'et de sentiment qui caractérise l’art gracieux, encore que factice, des troubaclours : ils chantent leur amour en des vers ou leur dame est présentée sous les couleurs les plus séduisantes et les plus conventionnelles, ou ils se déclarent les humbles et tremblants esclaves d’une beauté inaccessible at la pitié. Mais il s’en faut que leurs plaintes sur la rigueur de leur er douce ennemie » soient le reflet sincére de leur vie sentimentale.