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CHAPITRE V

GIACOMO LEOPARDI

I

Classique ou romantique ? Telle est la question que les esprits habitués aux catégories nettes se défendent difficilement de poser, en abordant un écrivain dont le talent était à son apogée vers 1830. En ce qui concerne Leopardi, cette question n’est susceptible de recevoir aucune réponse précise : non seulement il s’est tenu à l’écart des polémiques qui passionnèrent ses contemporains ; mais si ses sympathies, incontestablement, le portèrent d’abord vers les classiques, la nature même de son inspiration mélancolique, de sa sensibilité maladive, de son imagination éprise de tout ce qui « inspire des idées vagues et indéfinies », de ce qui, « faute de certitude, ne peut jamais nous satisfaire », le placerait plutôt dans le camp opposé. Ce classique, car il l’est par la conception de son art, est au fond bcaucoup plus romantique que le raisonnable Manzoni. Il faut en prendre son parti : Leopardi échappe à toutes les délimitations d’école ; il les domine de la hauteur de son génie.