Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/458

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B8 Lirrénnunn ITALIENNE Le comte Monaldo Leopardi était un esprit étroit, encore que cultivé, catholique intolérant, adversaire résolu de toute idée libérale. Passionné pour les livres, il avait réuni une bibliothéque considérable; mais, administratcur imprévoyant de sa fortune, ce fut un bonheur pour lui d’avoir une femme capable de prendre en main la haute direction de ses affaires : Adelaide An- tici, qui réussit a sauver sa maison de la ruine, partagea sa vie entre les pratiques dévotes et la gestion sévére du patrimoine familial. Son mari, ses enfants, tout le monde marchait at la baguette, et les effusions sentimentales ne la détournaient guére de ses préoccupations favorites. Son fils Giacomo a laissé quelques lignes terribles sur certaines méres de sa connaissance qui, au chevet d’un enfant malade, ne savaient demander at Dieu que de le prendre ix lui. Si llon ajoute que la famille habitait un simple village des lijtats pontificaux, Rccanati, dans lcs Marches, entre Ancons et Macerata, on pourra se faire une idée de l’atmosphére raréfiée, étouffaute, ou s'atro- phia physiquement et moralement l`une des plus vastes intelligences et l’une des fimes les plus ardentes que l’Italie ait produites depuis Dante et Pétrarque. Giacomo était né le 29 juin 1798, l’ainé de trois enfants : Carlo et Paolina le suivaient 11 un et deux ans d’intervalle. Il apprit les premiers rudimcnts sous la direction de son pére, et de prétres familiers de la maison; mais in partir de onze ou douze ans, il sut pourvoir seul h son instruction, grace I1 la bibliothéque paternelle, in un gout passionné pour l’étude, imprudemment encou- ragé, et—i1 un désir précoce, immodéré, de gloire. Il se nourrit d’auteurs grecs, latins, francais; il apprit méme l’hébreu, et se voua tout entier aux rechcrches d`érudi- tion, composant des commentaires, des traductions, des