440 LITTERATURE ITALIENNE Marches », cx pays sauvage », ou l`on était réduit hvivre a au milieu des bétes »; ee sile reste du monde est le pur- gatoire, la, c’est l’enfer ». Le ee petit bossu » y était constamment blessé dans ses sentiments les plus chers : ses réves de gloire faisaient sourire; les idées libérales, qu’il avait puisées dans ses lectures, et llhumiliation patriotique que lui inspirait l’asservissement ou était retombée l’Italie aprés 1815, passaient dans son entou- rage pour des opinions folles et pernicieuses. L’amour enfin, auquel Leopardi aspira de toutes les forces de sa nature ardente, le tourmenta sans relache, et ne lui pro- cura que de cruelles déceptions. Le pessimisme ne peut guére germer que dans le cmur de ceux qui attendent beaucoup de la vie et des hommes. Leopardi se place au premier rang de ces désespérés, avides d’aH°ection, de joie, de liberté, et par conséquent aussi de force et de santé, auxquels leur destinée re[`use impitoyablement tout cela. Du moins eut-il voulu n`étre pas privé du commerce d'étres capables de le comprendre, et connaitre ainsi, at défaut d’autres succes, ceux que son intelligence exceptionnelle pouvait lui assurer. Mais, soit crainte qu’il ne s°émancipat défi- nitivement, soit surtout économie, les parents de Leo- pardi, c’est—a-dire sa mere, ne consentirent sous aucun prétexte a le laisser chercher fortune au loin. L0rsqu`il fut bien convaincu que tout efl`ort pour lcs fléchir serait superllu, et qu’on sacrifierait << ses inclinations, sa jeu- nesse, sa vie entiere » et celles de son frere Carlo, aux intéréts de leur famille, Giacomo, parvenu a sa majo- rité (1819), se procura un passeport, une petite somme d`argent, et s’appréta, dc concert avec Carlo, at prendre la f`uite : il avait écrit une longue lettre, douloureuse, cruelle aussi, pour justifier auprés de son pére sa résolu-
�