&56 Lrrrényruss ITALIENNE lité de réformes politiques et sociales lui semblaient du dernier grotesque, et il a fait une caricature impitoyable de ces prophétes de l’unité italienne, auxquels finale- ment l’histoire a donné raison. Des 1817 Leopardi avait publié une traductiou du petit poéme grec sur la Guerre des rats et des grencuilles, parodie de l’Iliacle, jadis nafvement attribuée a Homére. ll eut l’idée de présenter sous forme de cc complément » a la Batrachomyomachie la satire des luttes dont la péninsule avait été le théatre depuis 1815 : les rats sont les Italiens, et en particulier les Napolitains, les gre- nouilles représentent les prétres, et les Autrichiens sont figurés par les écrevisses. Dans tout cela l’hist0ire est traitée avec une grande liberté, et Pidentificatiou de quelques personnages, méme parmi les principaux, reste douteuse. L’obscurité de divers passages constitue le principal défuut du poéme, avec la longueur de certaines digressions politiques ou philosophiques qui interrom- pent le récit, et ne valent pas l’expression spontauée des sentiments indignés de Leopardi. D’ailleurs ls. valeur artistique de cette fantaisie est certainement supérieure aux appréciations qu°en ont faites quelques critiques italiens légitimement blessés dans leurs sentiments les plus respectables. Une satire racbéte difficilement la faute de s’attaquer a qui combat le bon combat de la liberté et du progrés; les sottises qu’Arist0phane préte a Socrate nous paraissent médiocrement comiques, et de méme la verve amére des Paralywmeni ne donne pas envie de rire. Le pessimisme aboutit ici ix un dénigre- ment systématique, qui, dans le détail, pouvait bien étre justifié; mais, a voir les choses de haut, cette moquerie manquait de clairvoyance et de générosité. Le 14 juin 1837, Leopardi, qui await échappé aux
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