Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/49

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LB FRANQAIS mv ITALIE AU xm° siizcnn 29 vers 1270 un Toscan, Hustichello de Pise, résumait et combinait, en une compilation demeurée célebre, un grand nombre de légendes empruntées au cycle d'Arthus. Le meme Rustichello, se trouvant prisonnier a Genes, en 1298, en méme temps que le Vénitien Marco Polo, écrivit en francais, sous la dictée du célébre explorateur, la relation de ses voyages en Extreme-Orient. Peu aupa- ravant, Martino da Canale rédigeait dans la méme langue sa Cronique des Véniciens, qui va jusqu’a l’année 1275. Le francais était encore la langue des ouvrages scienti- fiques ou didactiques : en 1256, un Toscan, Aldobrando, composait son traité d’hygiéne, le Régime du Corps, et le Florentin Brunetto Latini écrivait vers 1264 le Livrc du Trésor, dont le succés fut considérable. Cette singuliere prédilection des Italiens pour le francais s’explique par l’importance qu’avait en France, au xm' siecle, a coté de la poésie épique et romanesque, la littérature allégorique et didactique; c’était l’époque ou Jean de Meung terminait le Roman de la Rose. Mais cn outre la langue francaise parait avoir exercé par elle- _ meme une certaine séduction sur les lecteurs du temps : Brunetto Latini nous dit que cette as parleure est plus delilable et plus commune at toutes gens »; Martino da Canale exprime une opinion analogue; Dante enlin dit en latin exactement la méme chose, et ajoute que le francais convient a tous les écrits en prose tels que les légendes historiques sur Troie et sur Rome, les aven- tures du roi Arthus et beaucoup d’autres sujets rentrant dans le genre narratif et didactique‘. C’était la, visible- ment, une opinion toute faite et fort répandue au xm' siécle, jusqu°e¤ Toscane. 1. De vulg. Elaquentia, liv. I, chap. x, 2.