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Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/498

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intérieure, pénible et lente, qui n’a pas été sans difficultés. Le temps des grands enthousiasmes était passé ; littérature, qui n’y pouvait plus guère trouver de motifs attachants, recouvrait le droit d’être désintéressée. La période d’inspiration éducatrice, c’est-à-dire utilitaire, qui s’achevait, avait d’ailleurs procédé d’un impérieux besoin de réaction contre ce culte de l’art pour l’art, contre cette superstition de la forme qui, des œuvres charmantes de la Renaissance, avaient conduit lentement l’Italie a une décadence profonde ; la Renaissance elle-même, dont l’unique préoccupation fut de réaliser un certain idéal d’agrément et de beauté, et d’accroitre ainsi la somme des joies que la nature et la vie peuvent donner aux hommes, s’était produite en opposition avec la littérature didactique et la pensée mystique du Moyen Age. Le moment était—il venu pour les Italiens de donner un nouveau coup de barre et de mettre le cap vers les rives de l’art pur? La question ne se pose pas d’une manière aussi simple, car la complexité de la vie moderne ne permet plus d’imaginer un retour pur et simple aux conditions d’existence, grâce auxquelles les hommes de la Renaissance ont eu tout le loisir de caresser paisible- ment leur réve, sans que rien vint les en détourner. La littérature ne peut plus se désintéresser des problèmes moraux, politiques et sociaux débattus chaque jour, chaque jour renouvelés, sur lesquels la poésie, le roman, le théâtre doivent arrêter l’attention, toujours un peu dispersée, du public. Les Italiens, qui n’ont rien perdu de leur sens aigu de la réalité, n’ont pas manqué d’entrer dans cette voie; seulement chacun s’y engage avec ses vues particulières et son tempérament individuel ; il est