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Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/505

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LE Mouvmvmur LITTERAIRE on 1870 A 1914 485 Dante avait pu s’y agenouiller. La hardiesse, inaccoutu- mée en efl`et, du poete consistait surtont en ceci, qu’il reconnaissait enfin la place que le christianisme occupe dans la civilisation italienne; et le fait est significatif`: il témoigne d’un certain apaisement dans l’ame tumul- tueuse du vieux polémiste. D’une faqon générale, la poésie de Carducci a plus de force extérieure — plus de muscles, si l’on veut — que de pénétration psychologique. Elle n’analyse pas les conflits d’une conscience tourmentée; elle n’aborde a peu pres aucun des problémes fondamentaux qui, it tra- vers les siecles, n’ont jamais cessé de tourmenter les penseurs ; elle ne projette pas de lumiere dansles fumes; elle donne un éclat intense aux faits et aux formes : elle est plus savante et volontaire que spontanée. Son mérite éminent a été d’exprimer la signification nationale des grands souvenirs du passé, ou du paysage italien, et d’cn extraire toute l’émotion qui s’en dégage. Pour atteindre ce but, le poéte excelle a trouver les formules ramassées, brillantes, souvent définitives, qui s’imposent in l’esprit du lecteur et ne s’en eH`acent plus; le carac- tére des meilleures créations de Carducci est la pléni— tude etla puissance. Aussi son prestige a-t—il été grand auprés des générations qui ont assisté a son ascension. Si, apres sa mort, on a pu craindre un instant que sa · renommée ne pfilit, il a bien fallu reconnaitre, lorsque l’Italie s’engagea dans le grand conflit de 1914~1918, que Carducci en avait, par avance, indiqué toutela significa- tion ; car cette guerre, comme onl’a dit alors, était << sa guerre » ; et on put constater, par la meme occasion, que l’cxpressi0n de sa poésie n’avait rien perdu de son éclat ni de sa force. Pendant une quarantaine d’années, son enseignement