Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/514

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Né à San Mauro di Romagna, entre Cesena et Rimini, où s’écoula son enfance, Pascoli s’imprégna des mille aspects intimes de ce pays ensoleillé, où son attention se porta sur toutes les manifestations de la vie rurale : les plantes, les insectes, les oiseaux, tout ce qui l’entourait lui apprit d’abord à considérer le grand mystère de la vie ; puis la brusque vision de la mort et celle de l’injustice des hommes s’imposèrent prématurément à sa sensibilité. Il avait douze ans, en effet, quand son père, régisseur d’un grand propriétaire, mourut assassiné ; un soir, son cabriolet rentra au domicile, trainé par la petite jument pie du père de famille ; celui-ci gisait dans sa voiture, la poitrine trouée d’une balle. La justice ne sut pas, ou ne voulut pas se saisir de l’assassin. La mère mourut un an plus tard ; puis ce fut la mort de deux frères ainés, dont la disparition laissa Pascoli chef de famille, en 1873, avec deux sœurs dont l’une se maria, tandis que l’autre resta la compagne affectueuse et fidèle du poète jusqu’à sa mort. Aigri, révolté par les dures épreuves de son adolescence, il se mêla quelque temps aux mouvements subversifs dont Bologne fut le théâtre, et il connut la prison. Puis se remettant avec courage à ses études interrompues, il devint un grand humaniste, plusieurs fois lauréat du concours de poésie latine ouvert à l’Académie d’Amsterdam, et sa carrière fut celle d’un professeur, d’abord dans l’enseignement secondaire, puis dans les Universités de Messine, de Pise et de Bologne. Lorsque la chaire de Carducci devint vacante (1905), un fort mouvement d’opinion se produisit pour que le grand poète qui avait tant honoré Bologne, fût remplacé par un autre poète.

À dire vrai les premiers vers de Pascoli avaient peu attiré l’attention ; il ne fallut pas moins que ses succès