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Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/517

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laquelle peut atteindre la forme poétique chez Pascoli. On sent ici chez lui la volonté de rivaliser avec Carducci, d’être aussi classique ou plus classique que lui. Installé dans la chaire du maître, ne devait-il pas aussi prendre sa place comme poète national ? Et le voilà qui publie ses Odi e Inni (1906), ses Poemi Italici (1903-1909), et qui compose des Poemi del Risorgimento (publiés après sa mort), où l’attitude quasi officielle qu’il adopte dépasse, malgré tout son talent, la mesure de ses forces. Pascoli reste, pour les amateurs de poésie fraîche et spontanée l’interprète du « fanciullino », l’auteur des Myricae, des Poemetti et des Chants de Castelvecchio. Le rôle de poète national pour une Italie, non plus humanitaire, mais impérialiste, devait échoir à un autre.

Gabriel d’Annunzio occupe une place à part dans l’histoire de la littérature italienne par la richesse d’un tempérament avide d’action, insatiable dans la poursuite d’émotions fortes et diverses, qu’il a portées au paroxysme, et qu’il a vite abandonnées pour en rechercher d’autres. Il les a exprimées successivement sous une forme éclatante, en les accompagnant d’une orchestration somptueuse, parfois étourdissante. Il a conçu de vastes ensembles d’œuvres dont l’enchaînement devait former de véritables cycles ; mais ceux-ci n’ont jamais été achevés ; quelques-uns sont restés à l’état de simples esquisses : de nouvelles entreprises l’en ont détourné. Ce perpétuel jaillissement, qui fut ininterrompu de 1880 à 1914 a imposé à l’admiration des intellectuels des deux mondes une personnalité qui s’est révélée exceptionnelle dans tous les genres, en particulier dans la poésie lyrique, le roman, le théâtre, pour prendre, pendant et après la guerre une attitude héroïque. L’œuvre est puissante, assurément ; mais elle tire son originalité