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Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/518

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de la forme, de l’empreinte que d’Annunzio y a mise de son tempérament, c’est-à-dire qu’elle vaut par l’art qui s’y révèle beaucoup plus que par son contenu. Celui-ci est emprunté aux sources les plus diverses. Il existe une question des « plagiats » de d’Annunzio, et qui a donné lieu à d’abondantes discussions. De celles-ci ressort que l’artiste, doué d’une sensibilité et d’une réceptivité peu communes, a subi de multiples influences successives ; mais il est resté original par l’accent qu’il a donné à ses emprunts, par les développements et par les résonances qu’il en a tirés.

C’est par la poésie lyrique qu’il a débuté; c’est sous cet aspect qu’il faut d’abord envisager son œuvre.

Il était encore sur les bancs du collège Cicognini, à Prato en Toscane, quand il publia son premier volume de vers, Primo Vere (1879), tout imprégné d’Horace, de Tibulle, de Properce et de Carducci ; G. Chiarini reconnut aussitôt les dons exceptionnels de cet écolier, notamment « le sens du rythme et de la période poétique », tout en lui infligeant la punition de ne plus lire Carducci pendant un an ; puis il lui reprochait, non sans dureté, l’audace insolite de ses effusions amoureuses, dont la sensualité était de nature à effaroucher les moins pudibonds. Dans le Canto Novo (1882) domine l’influence grecque (Théocrite, l’Anthologie), qui n’atténue en rien le gout du jeune poète pour un érotisme accentué : « La joie païenne, que faisait pressentir le Primo Vere, éclate ici dans toute sa force[1]. »

Puis d’Annunzio va s’établir à Rome, et le voici qui compose, pour les dames de l’aristocratie, « des vers d’album, des poésies d’éventail » (Intermezzo, 1885),

  1. P. de Montera, G. d’Annunzio poète lyrique, dans Études Italiennes, 1925.