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plu à représenter le conflit de ces deux tendances opposées. C’est ainsi que son Daniele Cortis (1885), un chef-d’œuvre dans ce genre, nous montre deux âmes fières et hautes, qu’un amour profond et des circonstances multiples poussent irrésistiblement l’un vers l’autre : Daniel et Hélène luttent douloureusement[1] ; elle finirait par se rendre, mais alors c’est lui qui, dans un élan de sacrifice mystique, l’exhorte à renoncer à toute passion terrestre. Ce que ce dénouement sublime a de chimérique frappe d’autant plus le lecteur, que le romancier a conduit toute l’action de manière à rendre excusable, on peut presque dire désirable, l’union des deux amants : le brusque redressement de Daniel est un bond dans le surnaturel. Un autre défaut pèse sur ce très beau roman : Daniel est un homme politique, député au Parlement, chef du parti catholique ; et l’exposé de sa doctrine, qui est celle de l’auteur, occupe une place qui paraît longue, parce qu’elle est froide, au milieu d’une action sentimentale profondément humaine et émouvante.

La trilogie des Maironi, Piccolo mondo antico (1881), Piccolo mondo moderno (1900), Il Santo (1901), présente encore quelques-uns de ces défauts, avec des qualités accrues de richesse et de variété dans la peinture du milieu où se déroule l’action, et dans la représentation de plusieurs caractères. Le « Petit monde d’autrefois » est un tableau d’une intimité charmante de la vie que mènent quelques âmes d’élite sur l’étroit et riant territoire de Valsolda, dans le cadre grandiose du lac de Lugano. Deux époux unis par un amour réciproque, Franco Maironi et Luisa, se trouvent séparés par un conflit de tempéraments et de tendances, lui croyant, mais dépourvu de volonté, elle détachée de toute religion positive, mais énergique et éprise d’un haut idéal

  1. Le texte donne douloureusement.