Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/530

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moral, séparés aussi par un deuil cruel, la mort de leur petite fille, qui provoque une vive réaction de leurs natures opposées, réconciliés enfin le jour où sonne l’heure de la guerre pour l’indépendance de l’Italie, alors asservie par l’Autriche, et où Franco s’éloigne grandi, régénéré par son dévouement à la cause nationale.

L’histoire de leur fils Pietro remplit le « Petit monde d’aujourd’hui » et « Le Saint ». Le premier de ces romans nous fait assister à la lutte de Pietro, ardent catholique, contre un amour défendu, car il est marié ; mais il vit séparé de sa femme qui est folle ; il va succomber quand il apprend la mort de la pauvre démente, et dans ce deuil, qui le libère d’une entrave, il trouve la force de s’affranchir de l’amour. Pietro essaie alors de réaliser dans sa personne un idéal de sainteté qui doit réconcilier la science et la foi, le catholicisme et les exigences de la vie moderne. Le « Saint » est attachant par la générosité des idées que l’auteur y a exposées avec une ardente conviction, car elles ont été la préoccupation constante de sa pensée, et, pour les avoir défendues avec force, il a encouru la condamnation de l’Église — condamnation à laquelle il s’est soumis, et qui fut le drame intime de ses dernières années. Mais le roman proprement dit est le moins heureux des trois, en dépit de scènes d’une réelle beauté. Le plus parfait, non seulement de la trilogie, mais de toute son œuvre — un chef-d’œuvre authentique - est le « Petit monde d’autrefois », où tout est humain, intime, vrai, direct, peut-on dire, ou l’émotion est ingénieusement tempérée par nombre de scènes et de figures humoristiques, où s’élève, au-dessus des protagonistes et des figures épisodiques si finement dessinées, un personnage inattendu,