Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/551

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LE M0uvEM1:NT LITTIERAIRE mz 1915 A 1930 531 reques, meme les plus respectables. En tous pays, de pa- reils exemples ont chance de trouver des imitateurs, pour peu que la mode s’en mele. Parmi les lettrés italiens, qui étaient jeunes il y a une vingtaine d’années, ces exagé— rations, poussées jusqu’i1 un paroxysme de brutalité qu’on se plaisait a prendre pour de la force, ces manie- res de révoltés, de gens sans éducation, sont aisément devenues une pose, et qui a laissé des traces. Mais il y avait mieux: cette exaltation de l’énergie et de la vio- lence (les Paroles sur la violence de G. Sorel ont été tres lues en Italie) renfermait un sens positif assez clair: il s`agissait de glorifier l’action au détriment de la contem- plation; un poeme, [ut-il de Dante, une statue, f`uf1t—elle de Michel—Ange, une décoration picturale, Put-elle de Raphael, une uauvre d'art quelconque, n’e1'1t-elle été ache- vée qu’hier, deviennent immobiles, des l’instant ou leur création est accomplie: elles appartiennent déja au passé; or llartiste avide de créer ne doit pas trop s’attarder in les admirer: c’est vers l’ceuvre de demain que se ten- dent tous ses e{l`orts, toute sa volonté. — La leqon est sans doute incomplete ; on ne saurait dire qu’elle soit dépour— vuc de sens. En réalité, le {`uturisme n’a fait éclore, ei proprement parler, aucune ceuvre qui compte ; mais en dépit de son outrance — ou grace at elle — il a défini et entretenu pendant plusieurs années un état d’esprit dont l’i11fluence est apparue dans presque toutes les b1·anches de l’acti— vité intellectuelle. Plusieu1·s a1·tistes et hommes de let— tres, et non des moindres, sc sont rangés, pour un temps, sous l’enseigne du futurisme, quand il s’agissait de détruire quelque chose : ils s’en sont écartés ensuite, par la nécessité de construire; mais une empreinte iuel`- facable leur en est restée.