Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/552

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53i LITTIERATURE ITALIENNE De ces prémisses il résulte que la littérature, oii se refléte la génération née entre 1880 et 1900, doit présen- ter un beau désordre. On y discerne malaisément des courants de quelqueimportance; certaines personnalités émergent, sans qu’on puisse dire qu’ellesaient fait école. Chacun suit son tempéramment propre, cherche sa voie dans pIusieurs directions successives, sans toujoursla trouver. De tout temps on a vu des poétes s’essayer dans le roman ou au théatre, et inversement des dramatur— ges ou des romanciers cultiver la poésie; un caractére remarquable de beaucoup d’écrivains italiens modernes est de s’étre voués tour in tour in la poésie, au roman ou au théintre et a Ia critique. Le début du xx° siécle a fait 31 la critique une place considérable; s’il a produit peu d’0eu— vres maitresses, en revanche, les études critiques qu’il a consacrées au mouvement littéraire formeraient une bi- bliothéque — et, il fuut le dire, la finesse et le talent y abondent. N`est-ce pas la pourtant un symptome quelque peu morbide? Un gout si développé pourla critique est- il propice a l’éclosion d’une poésie forte, émouvante, capable de grands élans? Favorise—t-il la création de personnages de romans ou de drames, animés d’une vie propre, capables de s’impose1· a Vimagination du public, comme certaines créations de Shakespeare, de Moliére, de Manzoni ou de Verga? A coté de ce granddéveloppemenl de l’esprit critique, il faut signaler le caractere autobiographique d’un nom— bre élevé d’ceuvres, tant en vers qu’en prose; beaucoup d’écrivains de cette génération, lu plupart d’entre eux, peut—on dire, se racontcnt volontiers eux-ménies, ce qui est assurément le propre de l’inspiration lyrique; Pétrar- que n’a guere fait autre chose, dans son Canzoniere, quo dc fouiller sans fin les replis de sou cceur et do sa