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Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/557

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pourtant toutes proches de nous — a les bonnes choses de si mauvais goût», deja chantées par Rimbaud — ; il se complait aux résurrections du temps ou son aieule était jeune fille : il arrive à y revivre par l'imagination, à se donner pour a le bon jeune homme romantique et sentimental, celui que je fais semblant d’étre et que je ne suis pas ». Il y ala une ironie qui pourrait conduire à la caricature : a Le perroquet empaillé, le buste d’Alfieri, celui de Napoleon, les fleurs encadrées..., lcs fruits de marbre protégés par des globes de verre... ». L’impitoyable précision du tableau révele la tendresse et l’émotion avec lesquelles le poéte évoquait ces souvenirs d’enfant. Comme on l’a finement remarqué, il a mis de l’ironie jusque dans l’usage qu’il fait du vers de onze syllabes —- le vers de Dante,du Tasse, d’Alfieri —— dont il respecte scrupuleusement le rythme solennel ; mais il s’amuse à y couler la langue de la conversation la plus prosaique, ce qui est une maniére de parodie. Gozzano, en outre, est pourvu d’un sens critique qui lui permet dc se voir, de se juger, de se dédoubler, comme lorsqu’il parle de a celui qu’il fait semblant d’etre, et qu’il n’est pas ». Chez tout autre, cette attitude risquerait de détruire toute sincérité dela part du poete, toute illusion chez le lecteur; et pourtantil arrive a Gozzano d’atteindre ainsi un degré d’émotion presque déchirante, quand il crie son désespoir d’homme jeune qui se sait condamné ii une mort prochaine. Qu’on lise, pour s’en convaincre, sou poeme intitulé a Paul et Virginie », ou, se donnant pour l’ombrc de l’infortuné amoureux ressus— cité — << Aujourd’hni je suis né de nouveau et je vis » — il raconte la tragédie de la mort de Virginie et la sienne propre : a Je vis, dit-il, mais mon réve est détruit pour toujours, et le cceur ne refleurit plus... Ah! si je