Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/576

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556 LITTERATURE ITALIENNE tures et de science, une ambition sans borncs, une révolte instinctive contre tout ce que d’autres ont pu faire, dire ou penser; il s’est formé tout seul une culture tres vaste, superficielle, désordonnée, et au service du bouillonnement de ses pensées il a mis une exuberance de style, dont le mouvement, la couleur, le mordaut, la réaction contre le purisme, contre la prose académique et universitaire, contre la rhétorique d’un d’Annunzio, contre la discipline philosophique d’un Croce, lui ont inspiré un goat immodéré pour le néologisme et le gali- matias, mais dont la force et la vie se sont imposées tres vite aux lecteurs. La place de premier plan qu’il a occupée dans des revues littéraires qui étaient alors d’avant-garde (Leonardo, 1903-1907; Voce, 1908-1912; Lacerba, 1913-1915) mit d'abord en évidence son carac- tere de polémiste impitoyable. Son premier volume de nouvelles, Il tragico quotidiano (1906), suivi de pres par Il Pilota cieco (1907), nous transporte en dehors de toute réalité: ce sont des fantaisies purement cérébrales, oi1l’on peut prendre un certain plaisir quand on aime la subtilité d’une dialectique paradoxale. Il y a la des dialogues avec Hamlet, avec le Diable, avec don Juan, avec le Juif errant, etc.. Le Diable explique que la faute d’Adam et d’Eve a été de ne manger qu’une seule pomme : ils auraient du dépouiller tout l’arbre et en avaler tous les fruits; alors Dieu n’aurait pas pu les punir I L’idée satanique de tout nier, de tout détruire, reparait dans plusieurs de ces nouvelles. En 1912 parut le livre qui a établi la réputation de Papini, et qu’on peut tenir pour son chef-d’oeuvre : Un uomo fnito. Cet << homme fini », c’est lui-méme. En trois cents pages, avec une verve étourdissante, il a retracé en grand detail I’histoire de ses illusions, de ses