Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/58

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ss Lirrénnunnz ITALIENNE Les disciples du u Poverello » ne restérent pas étran- gers au mouvement des ic Flagellants », qui, a partir de 1260, allérent de bourg en bourg, exhortant le peuple a la pénitence; c’est en pleurant et en se donnant la discipline qu’ils récitaient leurs mystiques chansons, leurs me laudi », comme on les appela. Ils s’arrétaient sur les places publiques, tout comme les jongleurs pro{`anes, et empruntaient a ceux-ci le rythme et la mélodie de leurs refrains; aussi furent-ils couramment désignés sous le nom de Giullari di Dio, les cc Jongleurs du bon Dieu ». Leur nombre augmenta sans cesse pendant la seconde moitié du xm° siécle, non seulement en Ombrie, mais en Toscane, dans les Marches, les Abruzzes et toute ]’Italie du Nord. Les recueils de laudi rcmontant at cette époque montrent avec quelle faveur furent accueillies partout ces poésies, généralement anonymes, ou s’epanchait sans art un mysticisme exalté. Le plus connu et le plus représentatil` des Giullari di Dio est un Ombrien, fra Jacopone da Todi(mort en 1306), une des physionomies poétiques les plus accusées du xm° siécle. Jusqu’a Page de quarante ans environ, Ser Jacopo Benedetti avait exercé la profession de juriste; la mort de sa femme, survenue dans des circonstances tragiques, le plongea dans un désespoir qui alla jusqu’a troubler Yéquilibre de ses facultés : tels {`urent son dédain du monde et sa soil` d’humiliations, qu’il s'ap— pliqua, par ses singularités et les excentricités de sa conduite, at méritcr les railleries de ses concitoyens; c’est alors que, par dérision, on se mit at l’appeler Jacopone. Une dizaine d’années aprés, il entra dans l`ordre de Saint- Francois, mais ne voulut jamais s’élevcr au—dessus de la condition de frére lai; lorsque de graves dissensions se produisirent parmiles franciscains, entre ee conventuels »