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Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/597

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accompagnement d’ironie dissolvante et de paradoxe cher aux adeptes d’une doctrine fallacieuse. En réalité, l’artiste qui a tiré les effets les plus neufs et les plus puissants de ces tendances ultra-modernes, et de ces combinaisons purement cérébrales, est Luigi Pirandello.

Par l’effet de son tempérament propre, ou de la culture qu’il a rapportée de l’université de Bonn, ou encore de certaines expériences qu’il a eu l’occasion de faire, Pirandello, dans son oeuvre qui est considérable, a donné un développement inattendu aux conflits de l’illusion et de la réalité, de l’étre et du paraitre, de l’idée que chacun a de soi-méme et de celle qu’en ont les autres, du perpétuel mouvement de la vie et de la fixité que nous nous flattons de réaliser dans notre moi; et il a été amené a concevoir la personnalité humaine comme une chose fuyante, insaisissable, qu’on ne doit considérer que sous cet aspect de relativité mis a la mode par la science moderne.

Né a Girgenti en 1867, Luigi Pirandello débuta par la poésie, traduisant les élégies romaines de Goethe, et publiant quelques recueils de vers. Mais c’est comme conteur et romancier qu’il se fit d’abord apprécier. Disciple de deux célebres siliciens, Verga et Capuana, il débuta — comme d’Annunzio — par des nouvelles et des romans « véristes », empruntés a la vie de sa province natale; il entreprit méme de tracer un vaste tableau de la vie sociale et politique de la Sicile a l’époque ou la grande ile fut rattachée au royaume d’Italie ,et opposa l'une a l’autre deux générations, celle des héros qui avaient réalisé l'indépendance et l’unité nationale, et celle des profiteurs médiocres de cette libération attendue depuis tant de siécles (I vecchi e i giovani, 1913). L’oeuvre ne manque pas de force, mais elle