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42 LITTRRATURE ITALIENNEI forme également populaire, l’l1istoire de la chute de l’homme, le mystére de la rédemption, la menace du jugement dernier. Il y a un peu plus d’imagination, sinon plus d’art, dans les deux poemes du franciscain Giacomino de Vérone, ou sont représentés les tourments de l°Enfer et les joies du Paradis; les tableaux, sou- vent grossiers et burlesques, qu’il trace en particulier des peines infernales, reflétent avec {idélité les croyances du peuple. Malgré tout ce qui lui manque pour mériter le titre de poéte, Giacomino de Vérone doit étre compté parmi les précurseurs de Dante, comme évocateur de visions de l`autre monde. Le plus personnel et le plus fécond des auteurs appar- tenant a ce groupe est le Milanais Bonvesin da Riva, dont la vie se prolongea assez avant dans le x1v° siecle : vieux et malade, il {it son testament en 1313. Quelques écrits latins, qui nous ont été conservés sous son nom, permettent de le ranger parmi les meilleurs lettrés de son temps; aussi ses poemes en langue vulgaire ont-ils un peu plus de tenue et de régularité que les précédents, bien qu’il les destinat a l’amusement et a l’édi6cation des gens du peuple. Ce qui nous intéresse dans les oeuvres de Bonvesin, c’est de trouver, a coté des développements habituels sur la vie chrétienne et sur les mysteres de la religion, des légendes pleines de naiveté et de fraicheur, empruntées a la pure tradition populaire du Moyen Age; telle est l’histoire du chevalier qui avait le diable pour serviteur, ou celle du frére Ave Maria, dont l`ignorance était si grande qu’il ne savait que cette seule priére; aussi la récitait-il a tout propos : quand il mourut, un rosier poussa sur sa tombe, et sur chaque feuille on lisait, en lettres d'or, cc Ave Maria » — le rosier avait sa racine dans le coeur du pauvre moine.