Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/71

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LES onicinns nn LA roésuz nr nn LA mxosn SAVANTES M qui peignent au vii` un souvenir ou un sentiment réel, et qui ne procédent pas de l’imitation. Ces accents de poésie vécue, qui ne cloivent rien a la tradition chevaleresque, sont surtout remarquables dans deux chansons de Rinaldo d’Aquino et d’Odo delle Colonne, ou une jeune femme se lamente, ici sur le depart d’un chevalier pour la croisade, la sur Vinlidélité de soin amant. Tout, dans ces pieces gra- cieuses, le sentiment, l’expression, le rythme, a quelque chose d’alerte et de dégagé qui procéde directement de l’inspiration populaire. Ainsi, it coté de leurs autres mérites, ces vieux rimeurs ont eu celui d’apercevoir at quelle source il fallait puiser, pour rafraichir et vivifier la poésie artificielle importée de Provence. II Il est ii pen pres impossible de tracer une ligne de démarcation nette entre les poétes de l’école sicilienne proprement dite et ceux qui, in leur exemple, s’inspire— rent des Provencaux dans l’Italie centrale, et particulié- rement en Toscane. En réalité c’est encore l’école sici- lienne qui se prolonge sur le continent, avec ses motifs conventionnels, sa technique, et jusqu’a sa langue, ou les éléments méridionaux demeurent quelque temps recon- naissables; et cette poésie s’appauvrit graduellemcnt, s’épuise, devient plus artificielle et plus vide. L’amour chevaleresque, selon la formule des troubadours, pouvait encore étre compris a la cour d’un puissant empereur, on les lettrés vivaient dans un contact intime avec les représentants les plus authentiques d’une aristocratie guerriére; ce n’était plus qu’un jeu d’espr·it, une attitude apprise, plus éloignée que jamais de la réalité, pour les