Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/171

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leur la profusion de leurs fleurs rouges étagées en spirales. Et à peine leurs premiers bourgeons s’étaient-ils ouverts, qu’une multitude d’oiseaux-mouche furent attirés de ce côté. Il semblait parfois que sur chacune de ces cent fleurs éclatantes, perchât un de ces nains ailés, gros comme le pouce, et revêtus d’un duvet doré, promenant, sur les tiges à peines courbées, leur agilité vibrante et lumineuse. C’était avec un intérêt difficile à décrire, une véritable joie d’enfant, que Clifford aimait à regarder ces atomes doués de vie ; on le voyait pencher la tête hors de la tonnelle pour les examiner de plus près ; et cependant il faisait signe à Phœbé de se tenir tranquille, se retournant çà et là pour saisir au passage quelques-uns de ses doux sourires, ne voulant rien perdre des jouissances que Dieu multipliait ainsi sur sa route. Redevenu jeune à certains égards, on eût dit qu’il redevenait enfant.

Hepzibah, témoin de cet enthousiasme microscopique, secouait la tête avec un mélange de plaisir et de tristesse, mère et sœur tout à la fois. Elle disait qu’à l’arrivée des oiseaux-mouche, Clifford avait toujours eu les mêmes joies, — oui, toujours, depuis son enfance, — et que l’admiration qu’ils lui inspiraient avait été le premier indice de son invincible penchant vers toute chose gracieuse et belle. Selon la vieille demoiselle, c’était une merveilleuse coïncidence que l’artiste eût fait pousser ces fèves à fleurs écarlates, — si recherchées des oiseaux-mouche, et qui depuis plus de quarante ans n’avaient pas été semées dans le jardin des Pyncheon, — l’été même où Clifford devait rentrer dans la maison de ses pères.

Elle pleurait, pourtant, de voir son frère acquis à des