Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/366

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difier l’intérieur de cette demeure conformément à leurs convenances et à leurs goûts, tandis que le laps du temps aurait ajouté je ne sais quoi de vénérable à la beauté primitive des dehors en leur donnant ce caractère de permanence que je regarde comme essentiel au sentiment du bonheur qui passe.

— Vraiment ? s’écria Phœbé qui examinait, toute étonnée, la physionomie de l’artiste. Quel merveilleux changement dans vos idées !… Une maison de pierre, avez-vous dit ?… Mais il n’y a pas plus de quinze jours ou trois semaines que vous nous assigniez pour demeures des abris aussi fragiles, aussi peu durables qu’un nid d’oiseau !

— Eh ! mon Dieu, Phœbé, je vous ai annoncé ce qui arrive, répondit l’artiste avec un rire quelque peu mélancolique… Vous voyez déjà le progrès que les idées conservatrices ont fait en moi… Je ne m’y attendais guère, je vous assure ; et je me le pardonne d’autant moins que ce progrès s’est accompli dans cette maison toute empreinte d’une fatalité héréditaire, sous les yeux même de ce portrait, image d’un conservateur modèle qui, par l’application de ses principes funestes, est resté si longtemps le mauvais génie de sa race.

— Ce portrait ! dit Clifford qui semblait vouloir se soustraire aux regards de l’austère Puritain… Je ne saurais y jeter les yeux sans me sentir hanté par un souvenir vague et lointain dont ma pensée affaiblie ne peut s’emparer complètement… C’est un rêve d’opulence qu’il éveille en moi, d’une opulence sans bornes, d’une opulence inimaginable !… Je me figurerais volontiers que, pendant mon enfance ou ma jeu-