Aller au contenu

Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/50

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et son visage brun, aux traits prononcés, devait un certain relief à ces ornements naturels. Quant à son costume, il était des plus simples : un paletot d’été de drap ordinaire, des pantalons à damier et un chapeau de paille médiocrement fin. L’équipement tout entier avait peut-être été fourni par un de ces grands bazars de vêtements tout faits que nos dernières années ont vus poindre en si grand nombre. Si le gentleman se révélait par quelque indice (en supposant que notre jeune homme aspirât au titre de gentleman), c’était par la blancheur remarquable et l’exact ajustement de son linge de corps.

Les sourcils froncés de la vieille Hepzibah ne semblèrent pas l’effrayer trop ; il savait sans doute à quoi s’en tenir, la connaissant déjà, sur leur rigueur inoffensive. « La chose est donc faite, chère miss Pyncheon ? dit le photographe, — car c’était bien là l’unique locataire de l’Hôtel aux Sept Pignons, — je suis enchanté de voir que vous réalisez vaillamment vos sages projets. Ma visite n’a d’autre but que de vous souhaiter les meilleures chances et de savoir si je puis vous aider en quelque chose dans vos préparatifs. »

Les gens affligés, ou simplement aux prises avec un embarras sérieux, peuvent endurer force mauvais procédés et ne s’en trouver ensuite que raffermis, tandis que le moindre témoignage de véritable sympathie trouve immédiatement le défaut de leur cuirasse. Ainsi en fut-il de la pauvre Hepzibah qui, devant le sourire du jeune homme — sourire d’autant plus brillant qu’il éclairait une physionomie sérieuse, — et en écoutant son affectueux langage, essaya d’abord un petit rire convulsif, mais se prit ensuite à sangloter.