Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/58

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devant elle, comme pour lui faire mieux apprécier les conditions dans lesquelles s’engageait le combat dont sa subsistance devait être le prix. — Réussir ? Allons donc ! Il ne fallait plus y songer ! — Autant eût valu qu’un brouillard éternel enveloppât la maison, tandis que toutes les autres s’épanouissaient aux rayons du soleil ; jamais un pied humain ne se hasarderait à franchir le seuil, jamais une main humaine ne se poserait sur le bouton de la porte.

Mais à ce moment même, juste au-dessus de sa tête, la clochette résonna comme celle du conte de fées. La porte s’ouvrit, bien qu’aucune forme humaine ne se fût montrée derrière les carreaux de la demi-fenêtre. Hepzibah crut sans doute avoir évoqué quelque Esprit, car elle se souleva, les yeux hagards, les mains jointes comme pour aller bravement au-devant d’un danger considérable.

« Le ciel me vienne en aide ! murmura-t-elle in petto, d’une voix plaintive : voici l’heure de la nécessité !»

Lorsque la porte, qui tournait avec peine sur ses gonds rouillés et bruyants, fut enfin tout à fait ouverte, un robuste petit marmot se montra, ayant deux pommes d’api au lieu de joues. Son tablier bleu, ses larges pantalons venant à mi-jambes, ses souliers quelque peu éculés, et le chapeau de latanier par les fentes duquel s’échappaient quelques boucles ébouriffées, lui composaient un costume fort peu élégant, mais dont les lacunes accusaient plutôt la négligence maternelle que la gêne du père de famille. Le livre et la petite ardoise qu’il portait sous son bras, indiquaient assez un écolier sur le chemin de la classe. Pendant quelques se-