Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/93

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catesse, que la propriétaire même de cette porcelaine sans prix dut se montrer complétement satisfaite.

« La bonne petite ménagère ! s’écria-t-elle, souriant et fronçant en même temps le sourcil d’une façon si prodigieuse, que le sourire disparut comme un rayon de soleil sous un nuage chargé de tempêtes… Réussissez-vous en toutes choses comme à ceci ?… Travaillez-vous de la tête aussi bien que des mains ?

— J’ai bien peur que non, répondit Phœbé que semblait égayer, sous cette forme, la question de sa cousine… L’été dernier, cependant, j’ai fait la classe aux petits enfants de notre district, et je la ferais encore s’il le fallait.

— Fort bien, fort bien ! remarqua la noble demoiselle, en se redressant quelque peu ; mais ces sortes d’aptitudes, vous les tenez sans doute de votre mère…. Je n’ai jamais connu à aucun Pyncheon de pareilles dispositions. — Il est très-étrange, mais il n’en est pas moins vrai que la plupart des gens préconisent volontiers leurs défauts naturels à l’égal de leurs facultés les plus éminentes : ainsi faisait Hepzibah, pour cette inaptitude des Pyncheon à tout métier utile. Elle l’envisageait comme un trait de la physionomie héréditaire, et peut-être n’avait-elle pas tout à fait tort ; mais c’était là un de ces indices morbides comme on en voit se produire chez les races trop longtemps restées en dehors des conditions normales de la Société. »

Avant qu’elles eussent fini de déjeuner, la clochette du magasin tinta aigrement, et ce fut d’un air de désespoir qu’Hepzibah replaça sur la table sa tasse de thé inachevée. En tout métier désagréable, le second jour est pire que le premier : nous rentrons sous le