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LE TRÉSOR

billonnant au milieu des véhicules de toute nature, qui obstruaient la rue. Au carrefour formé par l’intersection de plusieurs voies de circulation, on voyait arrêté un immense traîneau, espèce d’arche de Noé, contenant cinquante personnes et traîné par douze chevaux. Ce vaste réceptacle était rempli par des jeunes gens des deux sexes et quelques personnes plus âgées, qui souriaient à l’exubérante gaieté de cette folle jeunesse. C’était un joyeux bourdonnement entremêlé de francs éclats de rire et parfois interrompu par des hourras que les spectateurs accueillaient de leurs bravos approbateurs, tandis qu’une troupe de polissons faisait pleuvoir sur les touristes une grêle de pelotes de neige.

Le traîneau s’enfuit au galop de ses douze coursiers, et on l’avait déjà perdu de vue qu’on entendait encore les cris joyeux des voyageurs.

XV

Jamais Pierre n’avait contemplé une scène plus animée ; sa maison seule, avec sa triste apparence, jurait dans ce tableau mais, en revanche, sa maigre figure, encadrée par la croisée, s’harmonisait on ne peut mieux avec l’aspect délabré de son domaine.

— Eh ! Pierre, comment allez-vous ? fit une voix partant de la rue comme il se retirait ; allons, mettez le nez à la fenêtre, vieux sournois !

Pierre regarda et vit sur le trottoir opposé son ex-associé, chaudement enveloppé dans un paletot garni de fourrures,