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L’IMAGE DE NEIGE

— Qu’est-ce qui est étrange, mère ? demanda Violette. Tu ne vois pas comment cela s’est fait, papa ? C’est notre petite statue de neige que nous avons faite, mon frère et moi, parce que nous voulions avoir une petite amie ; n’est-ce pas, Pivoine ?

— Certainement, affirma Pivoine, c’est notre petite sœur de neige, et elle est bien jolie encore ; mais j’ai eu bien froid, va, papa, quand elle m’a embrassé.

— Fi, les absurdes enfants ! s’écria l’excellent père, qui, ainsi que nous l’avons dit, jugeait toutes choses avec son gros bon sens. Allez me faire croire que vous avez fait cette petite fille avec de la neige ? Venez, ma chère amie, il ne faut pas laisser plus longtemps au froid cette petite inconnue, nous allons la faire entrer dans le parloir, et vous lui donnerez une bonne soupe au lait, bien chaude, avec du pain trempé ; cela la réchauffera. De mon côté, je vais aller aux informations dans le voisinage, et, si cela est nécessaire, j’enverrai le crieur annoncer dans les rues que nous avons recueilli une enfant égarée.

Après quoi, l’honnête et brave M. Lindsey se dirigea vers la petite fille pour la prendre par la main, lorsque Violette et Pivoine, se pendant chacun à l’une de ses manches pour l’empêcher d’avancer, le supplièrent de ne pas mettre son projet à exécution.

— Mon cher papa, criait Violette en lui barrant le passage, c’est bien vrai, je t’assure, ce que nous t’avons dit ; c’est une petite fille de neige, et elle ne peut vivre qu’au froid ; il ne faut pas la faire entrer dans l’appartement.

— Oui, père, ajouta Pivoine, c’est notre petite sœur de neige, et elle n’aimera pas le feu.