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bourdons et de frelons, tous s’élançant à l’envi. Ses yeux s’étant un peu accoutumés à l’obscurité, elle vit des myriades de vilains êtres, avec un air abominablement méchant, des ailes de chauves-souris, et une queue armée de dards d’une longueur effrayante. Un de ces insectes avait piqué Épiméthée. Bientôt Pandore elle-même commença à pousser des cris aussi perçants et aussi douloureux que son compagnon, et à faire-un bien plus grand vacarme. Un odieux petit monstre s’était attaché à son front, et lui aurait fait une piqûre de je ne sais quelle profondeur, si Épiméthée ne s’était empressé de l’en délivrer.

Et savez-vous quelles étaient ces affreuses créatures ainsi échappées de la boîte ? C’était l’horrible famille des Peines terrestres ; les mauvaises Passions, les Soucis, plus de cent cinquante espèces de Chagrins, toutes les Maladies imaginables, toutes les Méchancetés et toutes les Malices. Bref, tous les maux qui ont depuis lors affligé la race humaine avaient été emprisonnés dans la boîte mystérieuse, et remis à la garde d’Épiméthée et de Pandore, afin de préserver de leurs atteintes les heureux enfants de la nature. Si les deux dépositaires de la tranquillité universelle avaient été fidèles à leur mission, personne n’eût jamais souffert, et aucun enfant n’aurait eu l’occasion de verser une larme depuis cette époque jusqu’à nos jours.