Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/357

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n’eût un bonheur égal dans sa lutte avec le gardien monstrueux de l’arbre sacré. Bien que, d’un autre côté, il se fût réjoui de voir dévorer Jason d’une seule bouchée, il se détermina, en déloyal et cruel potentat qu’il était, à ne pas s’exposer à la perte de son inestimable trésor.

« Tu ne serais jamais venu à bout de cette entreprise, traître, dit-il, si ma fille n’eût oublié ses devoirs au point de te prêter l’assistance de ses enchantements. Si tu avais agi consciencieusement, tu ne serais, au moment où je parle, qu’un morceau de charbon calciné, ou une poignée de cendre blanche : je te défends, sous peine de mort, d’essayer en aucune manière de prendre possession de cette relique vénérée. »

Jason prit congé du roi, le cœur attristé et plein de colère. Une seule pensée l’animait : faire appel à la bravoure des quarante-neuf Argonautes, marcher sans retard au bois consacré à Mars, égorger le dragon, s’emparer du trophée convoité, s’embarquer à bord de l’Argo, et cingler à toutes voiles vers Iolchos. Le succès de l’entreprise dépendait, il est vrai, d’une circonstance douteuse : les cinquante héros étaient-ils destinés à être engloutis vivants, les uns après les autres, ou d’un seul coup, par l’abominable monstre ? Tout en se livrant à ces réflexions, Jason descendait les marches du palais. La princesse courut après lui pour le rappeler. Ses