Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/70

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longtemps. À la fin, le Minotaure, s’élançant sur Thésée, effleure son bras gauche et le fait rouler à terre ; pensant qu’il lui a percé le cœur, il exécute une cabriole des plus hardies, et, ouvrant ses mâchoires dans toute leur largeur, se prépare à trancher d’un coup de dent la tête de son adversaire abattu ; mais celui-ci se relève soudain en esquivant cette nouvelle attaque. Il brandit son glaive de toute la vigueur de son bras, atteint le taureau à l’encolure et lui fait sauter la tête à plus de quinze pieds de haut, tandis que le tronc à forme humaine retombe à plat sur le terrain. Ainsi se termina ce combat désespéré. Aussitôt la lune reprit son éclat habituel. On eût dit, en ce moment, que le monde était délivré de tous ses maux, que toutes les méchancetés et les misères auxquelles sont sujets les enfants des hommes, avaient disparu pour toujours.

Et Thésée, en reprenant haleine et s’appuyant sur son glaive, sentit encore une légère traction du fil de soie : car il ne faut pas oublier d’ajouter que, tout le temps qu’avait duré ce terrible assaut, il n’avait pas cessé d’en tenir l’extrémité dans sa main gauche. Empressé d’apprendre à Ariane la nouvelle de son triomphe, il suivit le fil conducteur, et se retrouva bientôt à l’entrée du labyrinthe.

« Tu as vaincu le monstre ! s’écria la princesse en joignant les mains.