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Page:Hazard – Discours sur la langue française, 1913.djvu/35

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les sollicitent, et par la façon même dont ils les savent exposer.

Précisons encore : nous nous sentons prêts à remplir ce rôle d’intermédiaires dont on nous confère le privilège ou le devoir. Nous sommes les traducteurs universels. Il ne se passe guère de jour où nous ne révélions quelque génie, tantôt du Midi et tantôt du Nord. Toujours pressés de connaître ce qui se passe chez nos voisins, nous découvrons les réputations naissantes, et nous les publions à grands fracas ; aussi reviendront-elles chez nous, peut-être par reconnaissance, sûrement par intérêt, pour obtenir une consécration définitive après qu’elles auront couru le monde. Il est vrai que nous oublions vite : mais nos engouements sont si sincères et nous louons de si bonne foi, qu’on ne saurait nous en vouloir. Et puis nous aurions trop à faire si nous devions tout retenir ; il suffit que nous transmettions. En effet, on vient à nous de toutes parts. On sait que nous avons une clientèle prête à l’avance ; c’est l’acquérir du premier coup que de demander notre marque pour des produits exotiques ; nous la donnons sans marchander, et l’avantage n’est pas mince. Nous