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Page:Hazard – Discours sur la langue française, 1913.djvu/37

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des qualités si évidentes et si certaines que leur énumération seule est devenue un de nos lieux communs favoris : la logique de notre langue qui fait que « ce qui n’est pas clair n’est pas français » ; son caractère « raisonnable », et jusqu’à « la constance de l’ordre direct » ? Reprendrons-nous la comparaison avec les dialectes voisins, pour marquer une fois de plus la supériorité du nôtre ? Peut-être est-il moins banal de noter que de toutes les prérogatives qui le rendent universel, l’essentielle est sa modernité. Il n’est pas seulement à la disposition de ceux qui veulent se tenir au courant, suivant la métaphore banale et si juste qui évoque l’immense fleuve, le fleuve rapide, où se mêlent toutes les idées venues de tous les pays : il précède, il provoque le besoin qu’on a de lui.

Nous savons bien que nous ne cessons jamais de devancer les autres. Avec un beau dédain du péril que peuvent nous faire courir les expériences prématurées, nous ressemblons aux éclaireurs qui se perdent quelquefois, mais qui souvent montrent le bon chemin. Nous souffririons, si nous n’étions les premiers à tenter les routes nou-