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Page:Hazard – Discours sur la langue française, 1913.djvu/54

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tions restent fidèles à la tradition séculaire ! Les avantages que nous rappelions tout à l’heure, cette incomparable souplesse, cette faculté de répondre tout de suite aux idées nouvelles par des mots nouveaux, cette assimilation rapide qui lui procure un perpétuel caractère d’opportunité, deviendraient autant de défauts, si le support que chargent tant d’acquisitions successives venait un jour à manquer. Supprimez-le, vous réduirez la langue à n’être plus bientôt qu’une cohue de mots, chaque spécialité apportant les siens sans ordre et sans discipline, sans logique et sans contrôle. Gardez-le, au contraire : vous gardez du même coup la force stable qui rattache la langue à ses origines, qui maintient son unité organique, et assure la permanence de son être.

Rien ne montre mieux peut-être la nécessité du latin, que la conscience précise du rôle que nous devons jouer à l’extérieur. C’est par l’équilibre de deux éléments que nous gardons le privilège de l’universalité, l’élément novateur et l’élément conservateur : notre langue est la seule qui les sache associer dans une juste mesure ; nous avons vu que sa fonction était de saisir au passage