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Page:Hazard – Discours sur la langue française, 1913.djvu/55

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les nouveautés dignes de vivre et de leur assurer la durée. Il faut donc d’une part que nos enfants entrent en contact avec les nations vivantes, pour choisir le meilleur de ce que chacune d’elles apporte au jour. Il faut que l’un sache l’anglais, l’autre l’allemand, que celui-ci se tourne vers l’Italie, celui-là vers l’Espagne : de façon que tous ensemble, semblables à autant de sentinelles avancées, ils nous avertissent de ce qui se passe autour de nous. Mais il faut d’autre part qu’ils ne soient pas éblouis par la variété de ces spectacles ; qu’ils sachent dominer tant de notions confuses qui vont assiéger leur esprit ; qu’ils restent capables de juger, pour écarter ou pour retenir. Ils sont perdus s’ils ne se sont assurés à l’avance d’un terme de comparaison, auquel ils ramèneront la diversité de leurs expériences. Tel est le rôle des langues mortes. Ce qui fait d’elles les éducatrices par excellence, c’est qu’elles présentent un caractère réellement arrêté ; elles fixent, définitivement, un état type de la mentalité et du cœur de l’homme. Elles traduisent une civilisation infiniment nette en son contour, et que l’esprit peut embrasser en toute confiance, puisqu’elle ne