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Page:Hazard – Discours sur la langue française, 1913.djvu/56

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changera plus. L’enfant qui les possède ne sera pas embarrassé, lorsqu’il se trouvera jeté dans la complexité mouvante de la vie ; elles lui serviront d’unité de mesure, et lui permettront d’établir des valeurs. Elles mettront dans son âme la vigueur ; elles seront le lest, et l’empêcheront de se laisser ballotter au caprice de tous les flots. Et c’est en revenant à elles que chaque génération maintiendra pour son esprit et pour sa langue cet équilibre nécessaire que le présent semble toujours vouloir rompre à son profit. Nous pouvons donc dire, si nous voulons, que le latin est utile à la connaissance du français, parce qu’il révèle le secret des étymologies, qui donnent elles-mêmes le secret de la précision et de la propriété : ce sera également vrai ; mais disons surtout que nous ne pouvons garder à notre langue sa valeur humaine sans avoir fait nos humanités.

Mais quoi ? N’avons-nous plus de péril à signaler pour elle ? N’en existe-t-il pas un, plus grave que tous les autres ; si menaçant, qu’on voudrait presque en retarder l’aveu ? Non pas ce qu’on appelle la crise du français ; celui qui, loin de la bataille, en veut faire la philosophie, trouve à côté du mal