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Page:Hazard – Discours sur la langue française, 1913.djvu/57

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qu’elle a décelé un bien évident. Car elle vient de montrer le très grand amour que tous, nous professons pour notre langue. Sur ce point-là, aucun désaccord ; le désaccord n’a porté que sur la constatation de son état, et sur le choix des remèdes propres à la guérir. Une même passion a animé tous les adversaires, qui était l’intérêt du français. Il n’est personne qui n’ait cru que l’objet le plus important de l’éducation nationale ne fût son étude ; et chacun a dit son mot, les habiles et les profanes, avec une égale bonne foi. Dans tout autre pays, la querelle se fût limitée aux érudits et aux pédagogues ; nulle part l’opinion publique ne se serait aussi généralement émue pour un pareil sujet ; c’est notre gloire. Aussi bien l’expérience prouve-t-elle que les crises, dénoncées à temps, sont souvent profitables. Elles dissipent les malentendus, et sur tous les doutes jettent à profusion la lumière. Les colères mêmes qu’elles soulèvent réveillent les énergies somnolentes et secouent les indifférents. Il n’est pas mauvais que notre raison, voire nos sentiments et notre amour-propre, soient engagés dans l’attaque ou dans la défense. C’est pourquoi la présente