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chapitre i.

fournit une méthode nouvelle et des procédés logiques inconnus à Aristote et aux philosophes de l’antiquité, cette illusion a été dissipée par la critique moderne et par une connaissance plus approfondie et plus exacte de la philosophie ancienne[1].

Le défaut commun de toutes les théories logiques, de la théorie aristotélicienne comme des autres, mais plus de celles-ci que de la première, ainsi que je le montrerai par la suite, l’erreur qui a empêché les auteurs de ces théories d’établir la logique sur des bases vraiment rationnelles, et qui vicie, si l’on peut ainsi dire, l’édifice entier, il faut la chercher dans le principe même d’où ils sont partis, je veux dire dans la manière dont ils ont conçu cette science. Car ils ont tous considéré la logique comme une science purement formelle, c’est-à-dire comme une science dont l’objet consiste à analyser et à décrire les formes purement subjectives de la pensée, formes qui auraient une signification et une valeur pour ce qui concerne l’intelligence et ses opérations, mais qui ne seraient liées par aucun rapport objectif et consubstantiel avec les choses que nous pensons et connaissons avec leur concours, ou, comme on dit, avec l’être des choses.

C’est là la notion que les philosophes se sont généralement formée de la logique, et en partant de ce point de vue ils ont mutilé cette science, ils l’ont, pour ainsi dire, dépouillée de sa substance, et n’ont laissé qu’une pure forme, qui, par cela même qu’elle a été séparée de sa sub-

  1. Voy., sur ce point, un écrit que j’ai publié en anglais : Inquiry into spéculative and expérimental Science. Londres, 1855, Trûbner ; et dans mes Mélanges philosophiques, l’article Bacon.