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remarques préliminaires.

stance, et qu’elle a été considérée indépendamment des choses réelles et concrètes, est loin d’être une forme vraiment rationnelle et un instrument de la vérité. Et, il faut bien le dire, depuis Aristote jusqu’à nos jours on croirait que les logiciens au lieu d’agrandir et de compléter le champ des recherches marqué par le philosophe grec, ne se sont appliqués qu’à le rétrécir, à en retrancher quelques-unes de ses branches essentielles et à le réduire ainsi à son minimum. De là les distinctions arbitraires et superficielles de la vérité métaphysique et de la vérité logique, de la raison et du raisonnement, de la logique comme science des simples possibilités, et de la métaphysique comme science des réalités éternelles et absolues, distinctions qui, d’une part, brisent l’unité de l’intelligence, et avec l’unité de l’intelligence l’unité des choses, et, de l’autre, ont fait de la logique une sorte de caput mortuum, où l’intelligence ne saurait trouver un critérium réel ? un guide rationnel et assuré.

Tel est, même en ce moment, l’étal de la logique, bien qu’il y ait aujourd’hui plus d’un demi-siècle que sa rénovation a été accomplie par Hegel.

Lorsque la logique de Hegel parut[1], elle fut reçue en Allemagne avec admiration, on peut même dire avec enthousiasme par le monde philosophique. L’on comprit alors qu’elle était appelée à remplacer l’ancienne logique, et à inaugurer une ère nouvelle non-seulement pour la logique, mais pour la philosophie et la science en général. Car, par là même que la logique est une science universelle,

  1. Nuremberg, 1812.