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chapitre iii.

une forme déterminée, il faut à la pensée certains éléments fixes et généraux qui la déterminent. Ces éléments ont été nommés par quelques logiciens termes, par d’autres catégories ou concepts, et par d’autres genres et espèces. Il faut remarquer, à cet égard, que si, conformément à la notion fondamentale de la logique que nous venons d’indiquer nous enlevons aux termes ou catégories, ou par quelque nom qu’on voudra les désigner, leur valeur matérielle et objective, et leurs propriétés réelles (peu importe ici que ces propriétés soient dérivées de l’expérience ou de la raison), on ne leur laissera que leur grandeur ou quantité, et la logique deviendra la science de la quantité de la pensée[1]. C’est là, pour le dire en passant, ce qui fait le rapport de la logique et des mathématiques, et ce qui a souvent amené à les confondre. Car, si l’on dépouille les termes de leur contenu, on n’aura plus que des nombres ou des figures géométriques, et on pourra comparer leur combinaison à une proportion numérique ou à des cercles concentriques[2].

  1. Si, par exemple, dans le terme homme nous faisons abstraction de son existence réelle et de ses qualités, le seul caractère, la seule entité qui pourra lui rester sera la quantité, c’est-à-dire nous aurons l’homme considéré comme un tout, ou comme une partie, ou comme une unité indivisible. — Et il faut remarquer que nous faisons ici une concession à l’ancienne logique pour le besoin de la discussion. Car il est facile de voir que la quantité et ses rapports — quels que soient d’ailleurs leur valeur et le rôle qu’ils jouent dans la constitution des êtres, — font partie de la chose même et de sa nature objective, et que, par conséquent, elles dépassent les limites d’une logique qui n’y voit que des formes purement relatives et subjectives de l’intelligence.
  2. Euler, par exemple, compare le syllogisme à trois cercles concentriques dont le cercle central formerait le moyen terme. Ploucquet identifie la logique et le calcul, et après avoir ramené le syllogisme au calcul, il couclut par les paroles suivantes : Posse etiam rudes mechanice totam logicam