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chapitre v.

perd de vue, et admet des théories qui sont en opposition avec lui. Comment concilier, par exemple, la théorie de la division avec le principe de contradiction, lorsque la règle fondamentale de la division est que le genre doit être divisé en espèces irréductibles, c’est-à-dire en espèces dont les attributs sont opposés entre eux ? Car, il est évident que ces espèces et ces attributs coexistent dans le genre, et que, par conséquent, un seul et même terme peut contenir des qualités opposées. Ainsi, blanc et noir coexistent dans le genre couleur, rationnel et irrationnel dans le genre animal, etc., et couleur, animal, etc., sont le tertium quid, le moyen qui enveloppe la contradiction. Et, en effet, il n’y a pas de principe à qui la raison et l’expérience donnent plus de démentis qu’au principe de contradiction, et s’il est admis comme règle du vrai, c’est, il faut le croire, qu’il n’est pas convenablement compris.

Une chose ou un sujet, nous dit-on, ne saurait être autre que lui-même, c’est-à-dire, ne saurait posséder une qualité contraire à une autre qualité, ce à quoi on ajoute, pour rendre la formule plus précise, qu’il ne saurait la posséder en même temps, et sous le même rapport. Ainsi, un corps qui est blanc ne saurait être noir, ou un corps qui est léger ne saurait être pesant, en même temps et sous le même rapport qu’il est blanc ou léger. C’est là le sens qu’on attache généralement au principe de contradiction. Et ainsi y entendu, nous en convenons, il faut bien l’admettre, mais en nous hâtant d’ajouter qu’il n’a pas de valeur scientifique, bien plus, qu’il est puéril. Personne, en effet, ne s’avisera de contester qu’une chose n’est pas blanche pendant et en tant qu’elle est blanche, que la lumière n’est pas la lumière, ou