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principe de contradiction.

que l’ombre n’est pas l’ombre. Mais la question est de savoir si la contradiction est une loi nécessaire des choses, un principe absolu qui gouverne le tout ainsi que les parties, et sans lequel ni le tout, ni les parties ne sauraient exister. Car, peu importe de savoir que l’être vit réellement pendant et en tant qu’il est vivant, ou que tel individu est vivant, le point essentiel et décisif étant de savoir si à côté de la vie il y a la mort, si la mort est également nécessaire et également bienfaisante, et si elle contribue tout aussi bien que la vie à la beauté, à la conservation et à l’harmonie des choses. De même, il serait insensé de dire que l’homme pleure pendant qu’il rit, ou qu’il veille pendant qu’il dort. Mais ici aussi la vraie question est de savoir si ces oppositions existent et doivent exister dans l’homme. C’est là la vraie signification du principe de contradiction ; et si on l’entend ainsi, on découvrira aisément ce qu’il y a de fallacieux et d’irrationnel dans le sens que lui donne l’ancienne logique et dans l’usage qu’elle en fait. Car, on verra que, loin que l’identité et la non-contradiction soient la règle du vrai, elles sont une source d’illusion et d’erreur, que la différence, l’opposition et la contradiction constituent la loi universelle des choses, et qu’il n’y a rien ni sur la terre ni dans le ciel, pour nous servir de l’expression de Hégel, qui échappe à cette loi. Dans la nature tout est contradiction et lutte, et il n’y a ni on ne saurait concevoir d’être, depuis l’obscur insecte qui rampe à la surface de la terre, jusqu’aux vastes masses qui roulent dans l’espace, qui pourrait exister sans la présence d’éléments, de tendances et de forces opposés. Dans les mathématiques, l’opposition est dans le nombre, dans la ligne, dans le plan