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Page:Hegel - Logique, t. 1, trad. Véra, 1874.djvu/67

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logique appliquée.

ceux qui enseignent que l’homme est un être purement sensible, et que la sensibilité constitue le fond même de la nature humaine, s’ils sont conséquents, enseigneront dans la morale que la sensation et le plaisir sont le seul principe et la seule règle de l’action ; comme au contraire ceux qui prétendent que c’est la raison — c’est du moins ainsi qu’ils l’appellent — qui constitue l’homme, enseigneront que le devoir et le bien sont le seul mobile légitime de nos actions. De même, ceux qui enseignent que l’homme est absolument libre, et ceux qui enseignent que la nécessité est la loi universelle des choses, fondent leur doctrine sur le principe de contradiction. En un mot, si l’on admet le principe de contradiction, il faut ou mutiler la réalité, supprimer, pour ainsi dire, la moitié de l’univers, et substituer des notions étroites, arbitraires et artificielles à la nature concrète des choses, ou bien éluder la difficulté par des inconséquences, ou par des distinctions purement verbales, en disant, par exemple, que la droite et la courbe peuvent être considérées comme identiques, leur différence étant si petite qu’on peut n’en pas tenir compte, ou que l’ombre et le froid ne sont pas des réalités, mais des privations de la lumière et du chaud, comme si la privation dans un être pouvait exister sans un principe qui la produit, ou comme si elle n’était rien. Et puis ici l’un des termes de la contradiction — nous voulons dire l’ombre ou le froid — est considéré comme une simple privation, et ailleurs, dans la polarité, ou dans la contradiction de la liberté et de la nécessité, il devient un principe réel ; car le pôle négatif, ainsi que la liberté, sont considérés comme des réalités vis-à-vis de leurs contraires. Et dans la