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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/201

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sculpture.

2o D’un autre côté, la sculpture, comme nous l’avons vu, doit s’affranchir de la personnalité accidentelle et de son expression, dans ce qui constitue son élément essentiel et interne. Par là, il est interdit à l’artiste de vouloir, en ce qui regarde la physionomie, aller jusqu’à la représentation des airs de visage ; car les airs que Ton se donne ne sont autre chose que la manifestation de ce qu’il y a de plus personnel, de plus particulier dans le caractère individuel et dans les sentiments, les pensées, la volonté. L’homme, dans son air et ses gestes, exprime seulement la manière dont il se sent précisément comme individu, soit qu’il s’occupe simplement de lui-même, soit qu’en outre il se réfléchisse dans ses rapports avec les objets extérieurs ou avec ses semblables. Que l’on examine, par exemple, principalement dans les petites villes, les hommes qui passent dans la rue. Chez la plupart on voit, dans leurs gestes et leurs airs, qu’ils ne sont occupés que d’eux-mêmes, de leur parure et de leurs vêtements, en général de leur personne, ou bien qu’ils sont occupés des autres passants, ou de quelques raretés et bagatelles. Les airs de fierté, d’envie, de suffisance, etc., sont de ce genre. Mais l’air de la personne peut aussi avoir son principe dans un autre sentiment, dans la comparaison de l’existence absolue avec sa propre existence particulière. L’humilité, la fierté, l’air menaçant ou craintif, sont de cette espèce. Dans une telle comparaison apparaît déjà la séparation du sujet, comme tel, et de l’uni-