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introduction.

de l’art, tout est sacrifié à l’effet extérieur dans toute la représentation de la forme extérieure y nous pouvons regarder comme son extension ce qu’on appelle le style à effet. Il peut employer aussi le choquant, le sévère, le colossal (où, par exemple, s’est souvent égaré le génie extraordinaire de Michel-Ange), des contrastes heurtés comme moyens d’expression. L’effet, en général, c’est la tendance dominante de l’art à se tourner vers le public. De sorte que l’objet représenté n’est plus en soi calme, plein de sérénité, se suffisant à lui-même, mais se projette au dehors, appelle sur soi le regard du spectateur et s’efforce de se mettre en rapport avec lui par le mode de représentation. Ces deux qualités, l’indépendance calme et la complaisance à s’offrir aux regards du spectateur, doivent à la vérité se rencontrer dans l’œuvre d’art, mais se combiner dans le plus parfait équilibre. Si l’œuvre d’art, dans le style sévère, est entièrement renfermé en lui-même, sans vouloir parler au spectateur, alors il est froid. S’il lui fait trop d’avances, il plaît, mais abstraction faite de son idée fondamentale. L’impression, au moins, n’est pas produite par celle-ci, par sa conception et sa représentation. Cette tendance dégénère ensuite en prédilection pour les accidents de l’apparence sensible. On fait aussi de l’image elle-même quelque chose d’accidentel, où nous ne reconnaissons pas le sujet lui-même et sa forme nécessaire déterminée par sa nature, mais le poète et l’artiste, avec leurs fins personnelles, leur savoir-