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d’art, s’ils ne le sont pas tous. Or, il est facile de voir que, sous ce rapport, le toucher, le goût et l’odorat doivent être immédiatement exclus. Que l’on distingue au toucher, en promenant la main sur la surface douce et moelleuse du marbre, les statues des divinités femelles (Botticher), il n’y a rien là qui soit commun avec la perception du beau et la jouissance artistique. Le sens du toucher met simplement l’homme en rapport, comme être individuel, avec un objet individuel et ses propriétés matérielles, son poids, sa dureté, sa mollesse, sa résistance physique. Or, l’œuvre d’art n’est pas seulement un objet sensible, c’est une manifestation de l’esprit dans un objet sensible. L’œuvre d’art, comme tel, ne se laisse pas davantage goûter, parce que le goût, au lieu de laisser l’objet subsister libre pour lui-même, se met en rapport réellement et pratiquement avec lui, le détruit et le consomme. On ne conçoit et on ne peut exiger le développement et le raffinement du goût que pour l’appréciation des mets, leur préparation et la distinction des qualités chimiques des corps. L’objet d’art, au contraire, doit être considéré en soi dans son objectivité indépendante. Sans doute, il est perçu par l’homme, mais d’une manière purement contemplative, intellectuelle et non pratique. Il n’a aucun rapport avec le désir et la volonté. Pour ce qui est de l’odorat, il ne petit pas davantage être un organe approprié à la jouissance artistique, parce que les objets ne s’adressent à lui que par l’effet d’une décomposi-