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division.

tion chimique et qu’autant qu’ils se dissolvent dans l’air. C’est aussi une action toute physique.

La vue, au contraire, est avec les objets dans un rapport purement contemplatif. Elle le doit, en partie, à la lumière, cette matière en quelque sorte immatérielle. Celle-ci ne porte aucune atteinte aux objets, à leur liberté et leur indépendance ; elle les fait seulement apparaître et les manifeste sans les détruire, ni même les altérer insensiblement ou ostensiblement, comme l’air et le feu. La vue, ce sens sans désir, embrasse l’ensemble des existences matérielles, les corps, tels qu’ils sont séparés et distribués dans l’espace, en tant qu’ils restent inaltérables et dans leur intégrité, et se manifestent uniquement par la forme et la couleur.

L’autre sens, qui offre également un caractère théorétique est l’ouïe. Nous avons ici l’opposé de l’apparence visible. L’ouïe, au lieu d’être en rapport avec la forme et la couleur, perçoit le son, les vibrations des corps, sans aucune dissolution chimique, comme il est nécessaire pour l’odorat. Ce sont de simples oscillations qui ne modifient et n’endommagent nullement les corps. Ce mouvement idéal, dans lequel, par le son, se révèle, en quelque sorte, le principe interne, l’ame des corps, l’oreille le saisit d’une façon tout aussi intellectuelle que l’œil perçoit la forme ou la couleur ; elle laisse aussi la partie intime des objets subsister dans son indépendance.

À ces deux sens vient s’ajouter un troisième