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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/453

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peinture.

une salle de conseil ou de parlement, des scènes empruntées aux grands événements, des moments importants de l’histoire de cet État, de cette ville, de cet édifice, auront leur place naturelle et seront parfaitement connus dans le lieu auquel le tableau est destiné. On ne choisira pas volontiers, pour un château royal à Berlin, un sujet tiré de l’histoire d’Angleterre ou de la Chine, ou de la vie du roi Mithridate. Il en est autrement dans les galeries de tableaux où l’on rassemble tout ce que l’on possède et ce qu’on peut acheter partout de bons ouvrages d’art. Dès-lors, le tableau perd sa convenance locale, qui en facilite en même temps l’intelligence. II en est de même des appartements des particuliers. Un particulier prend ce qu’il peut acheter ; il achète, comme l’on fait pour former une galerie. Il a d’ailleurs ses goûts, ses caprices.

Sous le rapport de l’intelligence, ce qu’on appelle les représentations allégoriques, très à ta mode à une certaine époque, sont bien loin des sujets d’histoire. La vitalité intérieure et la particularité doivent manquer aux figures ; c’est quelque chose d’indéterminé, de pâle et de froid. Au contraire, les scènes de la nature et les situations de la vie journalière, non seulement sont claires dans ce qu’elles doivent signifier, mais sous le rapport de l’individualité, de la variété dramatique, du mouvement et de la richesse des détails, elles offrent à l’artiste un champ très favorable à l’exercice de son talent.