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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/454

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de la composition.

2o Mais, maintenant, pour que la situation déterminée soit reconnaissable, le simple local ou le tableau est exposé, ne suffit pas. Il ne suffit pas même que le sujet, en général, soit connu. C’est aussi la tâche du peintre de le rendre intelligible. Ce ne sont là, en effet, que des circonstances extérieures qui se rapportent peu à l’œuvre d’art en elle-même. Le point principal, au contraire, est que l’artiste ait assez d’intelligence et de talent pour mettre en relief et développer avec invention les différents motifs que renferme la situation déterminée. Chaque action, dans laquelle la cause morale se révèle à l’extérieur, offre des signes frappants, des suites manifestes, des rapports sensibles, qui, en tant qu’ils sont en réalité des effets de cette cause, peuvent être employés, de la manière la plus heureuse comme moyen de faire comprendre le sujet, aussi bien que pour donner aux personnages un plus haut caractère d’individualité. Un reproche bien connu, par exemple, que l’on fait ordinairement à la Transfiguration de Raphaël, c’est que le tableau est divisé en deux actions qui n’ont entre elles aucun rapport. Cela est vrai, en effet, lorsqu’on le considère extérieurement. En haut, sur la montagne, nous voyons la transfiguration du Christ, en bas la scène de possédé. Mais si l’on entre dans l’esprit de la composition, elle ne manque pas de la plus haute unité. Car le côté physique de la transfiguration c’est précisément l’élévation du Sauveur au-dessus de la terre et la distance qui le sépare des disciples. II fallait donc rendre sensible cette