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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/477

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peinture.

exceptés, au présent, à la vie réelle ; rarement aussi et, seulement plus tard, et isolément, aux paysages de la nature. Mais ce qu’elle ajoute, principalement dans la conception et l’exécution artistiques des sujets religieux, c’est la réalité vivante de l’existence spirituelle et corporelle. De sorte que, dès lors, toutes ces figures prennent une forme réelle et s’animent. Le principe fondamental de cette vitalité, c’est, du côté de l’esprit, une sérénité naturelle, du côté du corps, cette beauté harmonieuse de la forme sensible, qui, en soi, déjà comme belle forme, annonce l’innocence, la joie, la virginité, les grâces naturelles de l’ame, la noblesse de l’imagination et un cœur plein d’amour. Si, à ces heureux dons de la nature s’ajoutent la grandeur et l’éclat, que communique, dans le sentiment religieux, le rayon spirituel d’une haute piété, ce trait de l’amour divin qui anime un peu le calme, trop naturellement prononcé dans cette région qu’habite la sainteté, nous avons alors sous les yeux une harmonie originelle de la forme et de son expression, qui, là, où elle atteint à la perfection, rappelle vivement, dans ce domaine de l’art romantique et chrétien, le pur idéal de l’art. Sans doute, même au sein de cette harmonie nouvelle, doit dominer la profondeur du sentiment. Mais ce sentiment intérieur est le ciel heureux et pur de l’ame qui lui reste toujours ouvert, où elle peut, du monde sensible et fini, se réfugier facilement et sans obstacle, retourner à Dieu, lors même qu’elle est absorbée dans la plus profonde